LA FRANCE : C’ÉTAIT UNE TERRE, UN LANGAGE, ET UNE CULTURE

Une des toutes premières choses (presque plus stupides que les autres, si c’est possible !) qu’a cru utile de faire Macron à peine élu (en 2017, à Lyon), a été de proclamer que la culture française n’existait pas… C’est gros ? En fait, son raisonnement est simple à suivre, à défaut d’être intelligent : “Je suis leur chef et je suis gravement inculte… DONC (noblesse oblige), ils sont obligatoirement encore plus incultes que moi, et DONC il n’y a pas de culture française, j’en suis la preuve indiscutable, CQFD’‘ ! Il avait même cru malin de préciser : ”il y a une culture en France mais elle est diverse” … ce qui est encore plus odieux, plus humiliant, plus vexant… et plus mensonger. 

Claude Lévy-Strauss dans Tristes Tropiques (Ed. Plon, 1955), insistait sur l’idée que “chaque culture se développe grâce à ses échanges avec d’autres cultures. Mais il faut, ajoutait-il, que chacune y mette une certaine résistance, sinon, très vite, elle n’aurait plus rien à échanger”. Il est de toute première importance que nous réfléchissions à cette mise en garde : à un moment de notre histoire où les cuistres s’étonnent que nous prétendions avoir “des souches’’ et des racines profondes, que reste-t-il de spécifiquement français ? Que subsiste-t-il de la France “éternelle” ? Qu’est-ce que l’esprit français ? Qui sont les Français, comment se définissent-ils (hors de ces faux Français-sur-le-papier dont parlent nos croque-morts rouges), et comment vivent-ils ? Quelles sont leurs valeurs ? Quel est le poids résilient (du latin resilire = résister) de la langue française, en France et dans le monde ?

Une langue définit une Nation autant qu’elle en est le reflet, mais elle est très loin de n’être que cela : au-delà d’un langage, le français est toute une histoire, une culture, un système de pensée et de valeurs, des modes de vie, des caractéristiques individuelles et collectives (Cf. André Siegfried, L’Âme des peuples, Hachette, 1950.), et la détermination de nombreuses caractéristiques dans pratiquement tous les domaines de la vie. Contrairement à ce que racontent aujourd’hui nos cuistres patentés, une langue n’est pas qu’un vecteur de communication entre les hommes, elle est également porteuse d’une vision du monde, et cette vision s’étend bien au-delà de situations locales voire nationales, puisque ce vaste ensemble de “langue / nation / culture / parler” que l’on appelle “la Francophonie” aurait dû être le véritable véhicule de façons convergentes de partager émotions, souvenirs, sensations, fraternité, ambitions, et même rêves.

J’ai encore en mémoire les jolies phrases des  “pères fondateurs” de cet émouvant espoir universel autour du français, cette langue de la culture, disait Léopold Sédar Senghor, en union avec Habib Bourguiba, Hamani Diori, le “petit Prince” Norodom Sihanouk et Félix Houphouët-Boigny, en un temps où des leaders de grande dimension savaient offrir un espoir au monde et à leurs peuples… Sédar Senghor avait ajouté, dans son discours inaugural : “La création d’une communauté de langue française […] exprime le besoin de notre époque, où l’homme, menacé par le progrès scientifique dont il est l’auteur, veut construire un nouvel humanisme qui soit en même temps à sa propre mesure et à celle du cosmos”. Il reste tout de même de cette belle ambition quelque 250 millions de “locuteurs” français dans le monde… dont certains ont l’air bien partis pour parler russe ou chinois d’ici… pas très longtemps.

Le monde, alors, paraissait infiniment plus amical, harmonieux, courtois, civilisé ! Que ce temps me paraît lointain, au moment où j’écris ces lignes ! Est-ce mon âge qui me le fait regretter si fort, ou n’était-il pas, tout simplement, plus aimable aux hommes ? “Le progrès”, avez-vous dit ? Mais où le voyez-vous, grands dieux, à part la médecine (et encore : tempérée par le honteux – pour elle – épisode “covid” où ses membres se sont couverts de ridicule) ? La vérité force à dire que la France, en ce temps-là, était et représentait encore quelque chose dans le monde. Vaincue en apparence en 1940, elle avait réussi à redresser la tête et – c’est la principale différence avec les tristes jours que nous vivons – elle s’était forgé un avenir autre que la seule perspective actuelle d’une inter-minable descente vers des enfers dont personne ne se risque – par terreur du résultat – à évaluer la profondeur.

Pour que le tableau soit complet, il faut ajouter que le monde, alors, était dirigé par de véritables “grands hommes” de la politique – pas de petits boutiquiers incapables de voir au delà du bout de leur rue. Et la France, parmi ces géants (qui, comparés aux nabots actuels, paraissent encore plus immenses), tenait son rang. À côté d’un De Gaulle, d’un Pompidou, d’un Couve de Murville (qu’on peut aimer ou pas : je parle ici de leur stature et de leur envergure d’hommes d’État)… que pèsent un Macron, un Attal, un Séjourné (non, ne riez pas : ce serait cruel !) ? Quel rapport peut-il y avoir entre un ministère de la Culture avec Malraux et un autre avec l’arriviste Rachida Dati (pour qui je voterai pourtant, pour la Mairie de Paris : “N’importe quoi, mais pas Hidalgo”!) ?

Regardons le triste spectacle que nous offre notre lamentable personnel politique à qui il faut 3 semaines pour nommer des “n’importe qui” à des ministères dans lesquels on peut prétendre sans se tromper qu’il ou elle ne fera rien de bon, rien d’utile, rien qui aille dans le bon sens… et rien du tout, d’ailleurs ! Notre école effondrée a-t-elle, alors, une seule chance, même toute petite, de promouvoir un moyen de communication entre les hommes… ce qu’elle a été pendant tant de siècles, sous cet “Ancien régime” qu’on nous a appris à détester… alors qu’il n’avait rien ou très peu à voir avec les mensonges du discours officiel devenu “ambiant” : le français était “lingua franca”, en ce temps-là !

Tant d’années plus tard, nous n’avons plus rien à proposer, si ce n’est quelques très mauvaises idées sur des sujets sans le moindre intérêt réel qui ne sont là que pour détourner tous les regards des vrais problèmes que posent le monde, le mouvement et le progrès. La haine, la jalousie, l’envie, les petits calculs mesquins, et un désir de vengeance sont seuls savamment entretenus par des leaders sans leadership et indignes, comme autant de “non-réponses” à tous les défis qui frappent violemment à notre porte… pendant que eux discutent de sexualité pervertie, de “genre” suicidaire, de l’égalité de ce qui ne saurait l’être juste parce que ce n’est pas à cette aune que le problème se mesure.

L’Empire byzantin, avait-on coutume de dire au temps où les écoliers et les lycéens savaient ce que recouvraient ces mots, serait mort de se disputer sur le sexe des anges. C’est évidement un bobard de plus, mais notre formidable civilisation, la plus prometteuse que l’Homme ait jamais su construire, a décidé de se suicider en se disputant sur le sexe des démons. On voit tout de suite le progrès… Et pendant que le monde entre dans une violence que le XXe siècle avait, hélas, trop connue trop longtemps… que se passe-t-il en France ?

La sinistre option Bayrou enfin levée (Ouf ! On a eu chaud ! Imaginez qu’il ait accepté un poste !), il ne reste plus qu’une voie ouverte pour Attal : décevoir ! Après avoir organisé un suspense (?) de 4  semaines perdues autour du déplorable “casting” gouvernemental, il a donc nommé ou, pire, re-nommé une quinzaine d’inconnus et d’ex-ministres ex-sortis par la petite porte (cf Nicole Belloubet, exfiltrée du Ministère de la Justice en 2020, et infiltrée à l’Éducation nationale quatre ans plus tard, pour le malheur de tous), le tout dans l’indifférence totale des citoyens écœurés.

Seul résultat tangible de cette triste séquence : l’usure prématurée du “le plus jeune etc..” (NDLR – le coup du “le plus jeune”, on nous l’a fait (n+1) fois, depuis Giscard… On l’a toujours regretté et payé très cher). Mais le “baromètre” Huff-Post est formel : en un mois, Gabriel Attal a perdu 6 points de popularité, soit 3 fois plus que ses 2 devanciers dans le même temps. Ça doit être ça, le “réarmement” promis par Macron ! Et pendant ce temps, Poutine se marre, sur tous les écrans de télévision du monde. Mais peut-on le lui reprocher ?

H-Cl.