LE MIRACLE DES CHAISES

Dans mon dernier article je souhaitais une série de miracles pour que la France sorte du bourbier dans lequel sa Macronie se complaît. Submergé de travaux en cours, j’avais négligé un signe important dont l’importance m’avait frappé au vu des premières images. J’y reviens.

L’attentat d’Arras a donc fait un mort, le professeur Dominique Bernard assassiné, et trois (ou deux ?) autres personnes blessées.

Une vidéo évoque son dernier jour de classe[1]. On n’est pas étonné qu’il ait évoqué la situation en Israël. Et encore moins de sa difficulté grandissante à transmettre la littérature à des élèves. En cause leur « manque de goût pour la culture, de l’ignorance. Et du manque d’attention en classe. »  Avec le proviseur, ils sont « tombés d’accord pour dire que c’était de pire en pire. » Le professeur a eu ces derniers mots prophétiques : « On court à la catastrophe. » Bien sûr ils ne se doutaient pas qu’un ancien élève allait noircir le tableau. Ce dernier avait dû avoir d’autres « professeurs » spécialisés.

La vidéo montre un court extrait où le professeur tente de se protéger avec un sac (ou équivalent), recule, bute contre une bordure d’arbre, et tombe à terre. La suite sanglante n’est pas montrée.

Première constatation : cet homme tranquille a fait ce qu’il a pu et a montré du courage. « Une manière beaucoup plus sage de réagir que n’aurait été la mienne » précise le proviseur. Voilà qui amène à réfléchir. Une manière sage de « quelqu’un profondément pacifique et doux. »

Les mots sont justes. Oui il est sage de réagir, si instinctif soit le geste, et si dépassé soit-il dans ces circonstances. Oui, cet exemple devrait le valoriser bien plus que les monceaux de fleurs qui l’ont accompagné. Bizarrement, les grands médias ont oublié de proposer les derniers gestes du professeur comme une leçon donnée à la France de la grande trouille, plutôt que de le présenter comme un « fervent défenseur de la laïcité »[2].

Dans une autre vidéo, un professeur de philosophie raconte comment il a été poursuivi par l’assaillant et lui a finalement échappé. Il précise aussi que plusieurs personnes (6 à 10) tentaient de s’opposer au terroriste avec des chaises.

Sur la première vidéo (que je ne retrouve pas) on voyait effectivement deux personnes avec des chaises en guise de boucliers.

Que faut-il en conclure ?

1/ Que des personnes ont eu le bon réflexe de tenter de stopper l’assaillant

2/ Qu’elles n’étaient malheureusement pas assez efficaces. (Manque de coordination ? D’agressivité ? Mais qui pourrait leur en vouloir ? Peut-être aussi se sont-elles  senties inhibées dans ce pays où se défendre contre un malfrat quelconque fait de vous un coupable. Cela aussi devrait être discuté, et non noyé de fleurs.

3/ Que ces personnes (2, 3, 10, qu’importe !) ont disparu de la circulation alors que leurs actions furent héroïques, au moins à leur niveau de non-combattants.

Alors, oui, il y eut un « miracle des chaises ».

Mais il fut insupportable, non présentable, non discutable pour la « grande presse française ».

Cela en dit long sur notre avenir. Je ne parle même pas des discours, des « fortes paroles » et autres foutaises.

Antoine Solmer

[1] https://www.dailymotion.com/video/x8owwda

[2] https://www.lalsace.fr/faits-divers-justice/2023/10/19/obseques-de-dominique-bernard-qui-etait-l-enseignant-tue-a-arras