ALEXIS CARREL, RÉFLEXIONS SUR LA CONDUITE DE LA VIE : VOULOIR

Voici la quatrième extrait de ma série sur Alexis Carrel. C’est un des plus courts en mots. Mais à quelle hauteur… Et si simple d’apparence ! Une devise : vouloir.

QUATRIÈME EXTRAIT DE CETTE SÉRIE : VOULOIR

Pour faire grandir son esprit, il n’est pas nécessaire d’être savant, ou de posséder une grande intelligence ; il suffit de le vouloir.

Certes, personne n’est capable de se diriger seul; tous, à certains moments de leur vie, ont besoin de prendre conseil des autres et de recevoir leur aide. Mais il n’appartient à nul autre qu’à soi de développer et de discipliner les activités intellectuelles et affectives qui sont l’essence de la personnalité.

C’est de la sagesse de cette direction de soi par soi, que dépend notre destinée spirituelle.

MES RÉFLEXIONS

Ce quatrième extrait est court, très court. On comprend, en lisant ces trois paragraphes si chargés de sens que Carrel aimait le grand Pascal.

Or, deux écueils guettent la  brièveté. Le premier est l’artifice sans feu, l’horrible punchline, dont un sur dix, peut-être, vaut vraiment feu d’artifice. À se prendre pour des petits Voltaire, combien se maquillent d’un “hideux sourire”.

Le second est le raccourci dénaturant, la guillotine de la pensée. Une censure ou auto-censure, méthode éprouvée pour condamner quiconque avec une ligne extraite de son contexte, ou systématiquement mutilée. Une des armes préférées de la Gauche. “Donnez-moi une phrase de n’importe qui et je me charge de le faire pendre” semble avoir dit l’accusateur public Fouquier-Tinville, avant de moderniser sa formule grâce au progressisme de la guillotine. Certains préciseront qu’il améliora le score de Richelieu, plus réfléchi : “Donnez-moi six lignes écrites du plus honnête des hommes et j’y trouverai de quoi le faire pendre”. Mais cela ne change rien, ces deux options pré-condamnantes appartenant toutes deux à la Gauche archétypique, qui tue par devoir, car la fin justifie les moyens. 

Retrouvons de la hauteur avec Alexis Carrel. Vous trouverez des volumes entiers de philosophes dédiés à la volonté, au vouloir. J’y participe moi-même de temps à autre, à ma petite échelle, et ailleurs. Mais qu’en trois simples paragraphes, qu’Alexis Carrel nous instille une leçon de vie, voilà qui vaut bien des tomes poussiéreux… mais cependant nécessaires. Ne boudons pas des plaisirs plus développés, mais les ordonnances les plus courtes restent les meilleures.

Le premier paragraphe suppose résolu la décision de vouloir. Nous nous rapprochons de la volonté de puissance de Nietzsche que je traduis personnellement par la volonté à la puissance deux, ou la volonté de volonté. Cela change tout. Mais sans perdre de temps, Carrel nous ramène au champ commun de tout homme. Il exclut la nécessité d’avoir un QI himalayen. Ouf ! Me voici rassuré.

Le deuxième paragraphe, nous offre un guide. Mais n’en devenons pas esclave. Ou par moments, ou si peu. Car l’esclave, comme le prisonnier, a le devoir de s’échapper… en s’améliorant.
Et nous voici dans le troisième paragraphe, qui, sans le dire, nous fait retrouver notre libre arbitre, sans lequel nous ne serions que des machines. Carrel fait le pari du bon choix. (la sagesse de cette direction de soi par soi). Mais il n’est pas dupe. Un faux pas est toujours possible.

Nous verrons plus loin que cette sagesse nécessite d’autres degrés à franchir. Et nous serons surpris d’y trouver un harmonieux mélange de devoirs et d’impondérables.

En trois paragraphes si courts, Carrel nous redonne confiance en nous. Une confiance raisonnée. Une confiance d’adulte accompli.

Antoine Solmer