Sous le titre Paroles et Paroles, certains pourraient croire que je reviens au beau duo chanté entre Dalida et Alain Delon. Il n’en est rien. Je plonge dans le sordide avec l’affaire que l’on nomme Pélicot, du nom de l’étrange couple, ou de Mazan qui est la localité de l’histoire, ou des 50 violeurs qui ne va pas manquer d’être taxé de racisme à cause de sa proximité avec les 40 voleurs rencontrés par Ali Baba.
Dans cette affaire il manque un assassinat (au moins), un agent féminin des services secrets, et un haut personnage politique. Rajoutez un maître chanteur si vous le souhaitez. L’ensemble aurait fourni les bases d’un roman tournant — sans jeu de mots — entre la crapulo-dinguerie et les préparatifs d’une troisième guerre mondiale.
La réalité est plus prosaïque. Elle nous confronte aux comportements conjugués de la psychiatrie, de la pornographie et de la bonne conscience journalistique. Il est possible que la troisième composante soit la plus dommageable pour notre cadre social. Repensons l’ensemble.
J’oublie les formules juridiques pour m’en tenir aux faits simples : on nous explique que Mme Pelicot a été droguée par son mari qui, dans cet état, l’a soumise pendant 10 ans aux viols de 50 hommes attirés sur un site de rencontres. Quel est l’élément répréhensible dans cette histoire ? Fondamentalement, c’est l’utilisation d’un produit pour endormir la victime.
Pour bien comprendre le débat, supprimons ce produit anesthésique et relisons les faits : un mari invite 50 hommes à coucher avec sa femme, non anesthésiée et consentante pendant 10 ans. Si tel est le bon plaisir de ces 52 personnes adultes et consentantes dans un lieu privé, qu’avons-nous à y redire ? Ma réponse est claire : rien ! Ce couple, aux détails près, n’aurait été ni le dernier ni le premier à se lancer dans une telle partie échangiste, que le mari se contente du voyeurisme ou qu’il “partouze” de son côté. Le nombre 50 et la longue durée peuvent choquer, le fait reste du domaine classique, même si non prédominant dans notre société.
Mais le viol et les circonstances font vendre du papier et du numérique. Et les grandes consciences s’activent à “grand-conscientiser”, avec toutefois quelques arrière-pensées “sociétales”.
Tel est le cas dans Le Parisien sous la signature de Marie-Christine Tabet, directrice adjointe des rédactions du dit journal.
Prenant appui sur une position de défense des 50 “invités” du mari qui auraient pu ne pas savoir qu’elle dormait, elle précise que la confession préalable du mari, s’accusant lui-même d’être un violeur, leur coupe l’herbe sous les pieds. Elle précise que “L’exercice était périlleux mais possible, tant la remise en cause de la parole des femmes est habituelle.”
“La remise en cause de la parole des femmes”… la grande tirade génératrice arrive au galop. Il est étonnant qu’une journaliste n’ait pas à sa disposition un épais dossier de femmes reconnues accusatrices mensongères, tant de viol prétendu que d’agression “raciste” théâtralisée et d’autres mauvaises plaisanteries qui ne pourraient exister sans la mise en résonance de certaines grosses caisses intéressées.
Et puis, dans une enquête, n’est-il pas nécessaire, indispensable même que les enquêteurs mettent en doute professionnel toutes les déclarations de toute partie entendue ? Pourrait-il y avoir une enquête sérieuse sans cette précaution ? Femme, homme, ou chien méchant, comme un drame semi-récent nous en a donné la preuve.
Inutile d’aller plus loin. Je me suis contenté d’ouvrir une réflexion concernant les réponses automatiques d’une femme, même journaliste, lors d’un drame concernant une femme. C’est humain. Mais point trop n’en faut.
Vient le tour des hommes. Un article suivant nous indique que “des personnalités, comme le journaliste Karim Rissouli, invitent les hommes à s’interroger sur leur façon d’être. C’est peut-être le premier grand procès de la masculinité estime-t-il.
Là, les bras nous en tombent. Cette “personnalité” que je m’excuse de ne pas connaître, m’apparaît, avec cette phrase, sous un jour plutôt trouble. L’être de l’homme… c’est toute la philosophie, les religions et les civilisations qu’il faut mettre en procès. N’oublions ni Dieu ni diable dans l’affaire, car l’un et l’autre auront leur part.
Mais, cher Monsieur Rissouli, si je vous découvre aujourd’hui dans le rôle de procureur pourfendeur de masculinité — vous comprendrez que cela m’intéresse — j’avoue ne jamais avoir lu aucune de vos chroniques sur les “tournantes” dans certaines “cités”. Peut-être en avez-vous écrit ? Peut-être en avez-vous parlé ? Mais vos texte et paroles n’ont pas dû recevoir l’écho qu’ils auraient mérité. Car là, en plus, les victimes n’étaient ni anesthésiées ni consentantes. Et je ne me place pas sur le seul sol français. Les victimes prostituées de force en Angleterre, sur lesquelles la police a jeté un voile trop discret, car il s’agissait d’un gang de Pakistanais, ces victimes, elles aussi auraient mérité que vous engagiez le grand procès d’une masculinité. L’avez-vous fait.
En fait, nous ne devons pas parler de la même masculinité. Quelque chose doit nous empêcher de penser en commun, de “faire masculinité commune”, pour parodier les tics verbaux d’une certaine gauche.
Alors, soyez plus clair ! Tout viol est un crime, et dans les conditions actuelles de la déliquescence française, toute tartufferie en est un autre.
Antoine Solmer