MACRON, LE PETIT CONTRE-TEMPS

OUAH OUAH
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29 JANVIER 2021, LE PROFESSEUR RAOULT

Ce 29 janvier, le Pr Didier Raoult, interrogé par André Bercoff sur Sud-Radio, établit une synthèse claire sur l’épidémie de Covid 19, argumentée sur une année d’études.

En voici les 7 premiers points médicaux :

  • 1/ La mortalité par tranches d’âges en France entre 2019 et 2020 montre une diminution pour les tranches d’âges de moins de 65 ans, et une augmentation après 65 ans, encore majorée après 75 ans (données de l’INSEE). Les taux de mortalité plus élevés en région Île-de-France mériteraient des études approfondies.
  • 2/ Le fait que les virus à ARN mutent énormément n’est une découverte que pour ceux qui les connaissent mal. Il fait une distinction entre les variations faibles (mutations de peu d’importance) et celles qui par leur quantité où par le fait de conférer d’autres propriétés, comme une plus forte virulence) les fait qualifier de « variants ». Il va de soi que la distinction entre les deux groupes n’est pas clairement définie à l’avance. Elle dépend des observations de terrain.
  • 3/ Cette notion de variant correspond en fait à une nouvelle personne virale, un autre virus, ce qui efface les mots rebond ou deuxième, troisième vague, mais marque une nouvelle épidémie. D’ailleurs cela est conforme avec ce qui est connu de l’histoire des épidémies.
  • 4/ Le Pr Raoult s’appuie sur sa pratique ancienne et répétée du séquençage des virus à l’IHU de Marseille (étude de la carte d’identité génique du virus). Sur ce point, il dévoile le sous-équipement des laboratoires de virologie français, employant l’expression « tiers-mondisation », citant le retard en ce domaine par rapport à des pays africains.
  • 5/ Pour cet état de sous-équipement majeur, remontant aux études concernant le sida, il évoque des choix anciens, privilégiant l’industrie pharmaceutique, plutôt que la recherche fondamentale et le séquençage des génomes viraux, comme il en a montré le chemin.
  • 6/ Il évoque la création des IHU, pour pallier les dysfonctionnements d’autres structures déjà en place, et avoir hérité alors de contraintes et de blocages multiples. Il rappelle un cas particulier, même plus ancien, où la mise à disposition d’un séquenceur lui avait été refusée par des personnes actuellement proches de certaines décisions.
  • 7/ Il souhaite la multiplication de IHU en France.

Ces points sont complétés par les suivants :

  • 8/ Citant le Pr John Ioannidis de l’Université Stanford de Californie, qu’il considère comme le « meilleur épidémiologiste du monde » : les mesures sociétales du type confinement ou fermetures de magasins sont sans effet sur l’épidémie. Il s’agit d’une traduction libre de la conclusion littérale de l’étude que voici [1]:

While small benefits cannot be excluded, we do not find significant benefits on case growth of more restrictive NPIs. Similar reductions in case growth may be achievable with less restrictive interventions.

Traduction personnelle : Alors que de petits bénéfices ne peuvent pas être exclus, nous n’avons pas trouvé de bénéfices significatifs concernant le nombre de cas par les NPI (interventions non pharmaceutiques) les plus sévères. Des réductions similaires du nombre de cas peuvent être réalisées avec des interventions moins sévères.

  • 9/ La fermeture des frontières aurait pu avoir un effet en la mettant en œuvre dès le début. Dans la situation actuelle, après un an et l’arrivée sur le territoire de variants en nombre important de nombreux pays, la question est dépassée.
  • 10/ La décision de vaccination doit s’en tenir à une estimation du rapport bénéfice / risques. Actuellement, celui-ci ne peut être évalué que par rapport aux risques à court terme, par manque de recul. La décision gouvernementale la meilleure serait de vacciner préférentiellement les personnels soignants des EHPAD, et patients hospitalisés. La vaccination d’adultes jeunes en bonne santé sort du meilleur rapport bénéfice / risques (puisqu’on les ignore à moyen et long terme).
  • 11/ Concernant cette dite « vaccination » avec injection d’ARNm, le professeur Raoult dénonce fortement les déclarations dépassées de médecins qui affirment que la modification de notre génome est impossible. Cette affirmation figée depuis 50 ans ne correspond plus à nos connaissances actuelles. La raison en est que l’être humain peut abriter la fameuse transcriptase inverse qui permet cette incorporation.
  • 12/ Il s’agit enfin de multiplier les observations cliniques par les médecins qui ont été exclus de leurs fonctions traditionnelles dans une ambiance non médicale et non scientifique, d’employer le plus tôt possible les multiples traitements à notre disposition, et d’en tirer le maximum d’études scientifiques.
  • 13/ En conclusion, revenir à l’esprit de la médecine : un art appuyé sur des techniques scientifiques, en rejetant les décisions fondées sur l’ignorance, les émotions, et autres dérives des peurs d’une civilisation vieillissante.

30 JANVIER 2021, LES DÉCISIONS PRÉSIDENTIELLES

Après des jours de bruits plus ou moins feutrés, de rumeurs plus ou moins valides, de comités plus ou moins scientifiques, de conseils de défense plus ou moins offensifs, sans compter les intervenants, « communiquants », experts, rapporteurs, « sachants », et grandes manœuvres de vérifications du moindre bouton de guêtre indispensable pour mener on ne sait où la guerre du cafouillage, le président a tranché… pour les demi-mesures à contre-temps.

On ferme les frontières extra-européennes, les grands magasins, on active le couvre-feu et on ouvre les portes des asiles bureaucratiques où les pensionnaires se lèchent les babines à préparer attestations, définitions de motifs impérieux, semi-impérieux, un quart impérieux, etc.

Et journalistes intelligents de se placer : comme c’est beau, le « retour du politique », comme ces décisions sont courageuses, etc.

QUE CONCLURE DE CE CIRQUE ?

Une fois de plus, le fameux « en même temps » ne traduit que la confusion des temps. Le chef d’orchestre agité de l’Élysée ne crée que de la cacophonie. Pire, il en vit.

Comment le courage et l’intelligence politiques se seraient-ils manifestés ? En faisant le ménage dans la basse-cour des « sachants » de tous poils et plumes, et en restructurant les mesures sanitaires autour des treize points relevés par le Pr Raoult.

Remarquons que le Pr Raoult a eu l’intelligence de ne donner ni conseils ni directives. Il s’est contenté d’un état des lieux scientifique et organisationnel. Cette attitude, si elle avait été bien comprise, offrait au président la possibilité d’une vraie reprise en main de la situation dans les trois dimensions de la santé publique, de la restructuration de la médecine française et de la reprise de l’économie, sans compter le positionnement de la France comme nation modèle.

Sur un tel programme, il aurait quasiment assuré sa réélection.

Encore eût-il fallu que ce président acceptât ce regard savant. C’est ici que la psychologie reprend ses droits. Comparez simplement, le ton, le verbe, le regard, la tenue de l’un et de l’autre. Pire encore, comparez les silhouettes. Faut-il un dessin ? Je ne crois pas.

La vieille morale est toujours d’actualité. Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre… y compris ceux qui se prennent pour lui.

 

[1] https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/eci.13484

 

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6 réponses sur “MACRON, LE PETIT CONTRE-TEMPS”

  1. Waouh, comme bien souvent vous m’éclairez monsieur Solmer.
    Cette fin de semaine avait été éprouvante pour moi. Je n’y comprenais rien.
    C’est que, derrière toute cette salade d’apparence et de psychologie à la française, il existe des structures sérieuses, raisonnables et morales, que le pouvoir devrait respecter. La non-ingérence dans nation en danger, n’est pas la meilleure façon de la conduire !
    Cependant, mon inquiétude est grande. Car je m’aperçois que plus le temps passe, plus ce sont des gages d’effondrement qui s’annoncent, sous la houlette de ce trop jeune zozo – qui s’était pris pour Napoléon, et nous emmène dans des rails inconnus ; engoncé dans un verbe qui lui plaît, mais qui ne traduit pas d’idées fortes et lucides ? ?

    1. Parmi les interrogations fortes de cette épidémie, il y a la prise en otage des médecins traitants. Il y a déjà des années, je disais que l’irruption du discours de santé dans le champ politique était en limite de l’exercice illégal de la médecine. Nous l’avons vu il y a bien longtemps avec le verre de lait de Mendes-France. Cela s’était transformé en campagnes publicitaires jouant aux portes tournantes : un coup pour le poisson (Le thon c’est bon), un coup pour la viande (le boeuf haché, l’idée à suivre), etc. Et puis l’État s’en est mêlé (Le programme nutrition santé). Et ça n’en finit plus. Un peu ça va, trop c’est trop. Nous en sommes arrivés à une dictature pseudo-médicale, en fait des structures étatiques aux mains de politiciens rhabillés en médecins. Les vaccins de Bachelot, les interventions ahurissantes de Buzin (gentiment recasée dans la pantouflerie OMS où elle est chargée des questions multilatérales !). Questions multilatérales ! Ça ne s’invente pas. La preuve, chacun d’entre nous a le même poste… à la maison, pas à l’OMS. Maintenant le Véran du qui vivra verra. Enfin, l’irruption des ARS, de la haute autorité de santé, du l’Ordre des médecins dans sa métempsycose en petits procureurs, etc. Bref, ras-le-bol du Covid. Je propose le nouveau slogan : après le Covid qui on vide ? J’ai ma petite réponse. Et vous ?

      1. Merci encore pour cette élaboration de l’imaginaire médico-politique à l’ œuvre.
        J’ai du mal maintenant à revenir au réel des choses.
        Ce trop-plein de conscience morale qui s’articule sur une non-conscience de la réalité telle qu’elle est simplement, a finalement quelque chose qui me tue.

        Je dirais plutôt : après le Covid comment faire le vide ? En voilà une question, non ? Ou même celle-ci : comment retrouver du plein ?
        Une réponse qui me vient : je crois qu’à présent il faut accepter de se mettre réellement en présence de notre créateur. Avec toute l’humilité qui s’impose, concernant la matière réelle et complexe ; qui engendre dans les faits une fuite désordonnée de la part d’un social politique paniqué.
        C’est donc de notre part aussi abandonner les choses. Mais en y mettant une raison simple

        1. Une réponse, parmi d’autres, sera à considérer selon un article complet, ou plusieurs de différentes origines.
          Je vais essayer de m’y atteler, parmi tant est plus d’autres tâches. Mais continuons ce dialogue fructueux.

      2. bien sûr qu’il y a confusion entre le médical et le politique, cette crise illustre qu’aucun des deux n’est à sa juste place. La question qu’on ne se pose peut-être pas assez est celle-ci: à qui profite cette confusion?

        1. Oui, devenons complotistes. Absolument, nécessairement, logiquement, irrémédiablement, vitalement, justement. Car c’est un hommage que d’être traité de complotiste par les vrais comploteurs. L’histoire parlera, même si nous n’avons pas, nous complotistes, les moyens qu’ont les comploteurs de la faire parler.
          Bonsoir et… Bon appétit, Messieurs ! Oh ministres intègres ! Conseillers vertueux ! Voilà votre façon De servir, serviteurs qui pillez la maison !

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