DE LA NÉCESSITÉ D’ACHEVER LA FRANCE

De la nécessité d’achever la France. Ce titre en horrifiera certains et en fera frétiller d’autres. C’est que la disparition d’une certaine France est à l’ordre du jour.  Macronus non dixit sed jam gaudet (Macron ne l’a pas dit mais en jouit déjà). À dire vrai, il n’est pas de moi mais de Paul Voltor, très mauvais esprit qu’il me fait plaisir d’accompagner sur cette pente quasi fatale, en y ajoutant quelques commentaires.

Paul Voltor se présente comme “patriote non nationaliste” ce qui mériterait une explication historique et psychologique que je repousse à un autre jour, ayant ici à m’occuper du titre et du contenu de l’article. Les deux premières phrases nous attaquent au vif : “Et si le problème du monde, c’était la France ? Et si nous étions l’organe porteur du virus qui le détruit ?” Shocking, isn’t it ?  Why not ? Porque no ? Warum nicht ? Perché no ? J’arrête ici mon petit tour de piste que je limite à nos voisins dont j’entends déjà des salves d’applaudissements. Mais Paul Voltor a bien écrit “le problème du monde”, et je crois qu’il n’a pas tort.

Cependant, à mon avis, il rétrécit quelque peu son raisonnement  — à moins qu’il ne s’en tienne à la substantifique moelle — en déclarant tout de go : “force est de constater que la France a vu sa vocation d’universalité, que lui avait confiée son statut de fille aînée de l’Église, détournée au profit de l’idée révolutionnaire qui gangrène le monde.” Le moins qu’on puisse dire, est que son argumentation tient la route, en deux étapes.

PREMIÈRE ÉTAPE : FRANCE, PROCESSEUR DU MONDE

Sous cette approche qu’un geek applaudirait (il comprendrait peut-être le mot processeur) Voltor relève un fait qui ferait frémir bien des évêques : “la France, nous le croyons, a un rôle particulier, elle est la projection sur un territoire de la vocation d’universalité de l’Église.” Il passe alors en revue divers pays dont il réfute un équilibre de niveaux, enfin, certains qui ne sont pas tout à fait égaux aux autres, comme l’écrivait George Orwell. Bref, un malaise dans les civilisations, comme aurait écrit Papa Freud. “Bien sûr, il y a eu la Russie, la Chine, le Japon, l’Iran… mais ces magnifiques civilisations abîmèrent tout message dans leur nationalisme.

Revenons au mot processeur : “Parce que le monde procède de la France, parce que le code de l’universel y est présent.” Belle envolée, beau programme, à condition d’y mettre les moyens et l’esprit, mens sana in corpore sano, un esprit sain dans un corps sain. Mais aussi, beau risque en perspective. Si on loupe la première marche d’un escalier, le danger est faible. Mais une chute du dernier étage de la tour Eiffel… Patatras ! Avec en plus le  procès pour racisme aggravé, mise en danger volontaire des pauvres petits marchands mineurs isolés qui sont des chances pour le commerce français et grâce à qui les policiers désœuvrés peuvent s’entraîner au cent-mètres.

Pourtant, ne nous accablons pas trop. Des régimes communistes, des anticléricaux mexicains, des hitlériens, des assassins à la pelle, il y en eut dans d’autres pays. Cent millions de morts (ou plus, ne chipotons pas), c’est un beau bilan. Mais, Voltor y revient : ” la France est bien la source et le véhicule, la possibilité d’une diffusion légitime de la révolution dont le programme n’est que négation de la personne humaine au profit de son avatar, l’individu, mis au service du système, transformé en organe du système.” En cause, l’idéologie révolutionnaire de 1789 “drapée dans les philosophies des Lumières”.  Une sorte de parasite ayant trouvé son porteur idéal.

DEUXIÈME ÉTAPE : CATHOLIQUES COLLABOS DE LA RÉVOLUTION

Là, il cogne fort ! “Les catholiques sont au garde à vous ! Chair à canon au profit de la République et on se souvient de Jean de Viguerie qui fustigea le militarisme et le nationalisme des catholiques au moment de la première guerre mondiale, militarisme et militantisme qui ne firent que servir la république et la Révolution en les défendant tout d’abord, puis en mourant ensuite… Et voici plus de deux cents ans que les catholiques servent la soupe pour la continuité de l’État et amoindrir les conséquences des politiques menées par l’idéologie révolutionnaire au pouvoir.” Il cogne fort, mais… est-ce si faux ?

Combien est juste le diagnostic de Paul Voltor : “Les catholiques restent absents des domaines de décision de l’art et des médias, n’ayant toujours pas compris qu’une démocratie signifiait conquérir l’opinion et non le pouvoir…”

Combien est lamentable le fait que ce constat soit toujours valable… à la grande joie des révolutionnaires et de leurs complices !

À MON TOUR !

Déjà Chesterton avait bien vu le danger des “idées chrétiennes devenues folles”. Nous avons vu un pape oublier les brebis plus que perdues de son troupeau et ramener quelques loups, “parce qu’ils avaient des papiers”. Nous crevons de tendre des joues droites et gauches, sans compter les fesses, parce que la traduction du verbe tendre, oublie l’action de mettre les muscles en tension pour résister aux coups. Nous crevons de devoir traduire le nom prochain par le plus irrémédiablement — et même diablement — éloigné.  Nous crevons d’une église mollassonne qui a oublié qu’un certain Jésus avait sorti le fouet pour évacuer les marchands du temple. Nous crevons d’un Vatican numéro deux et de l’infiltration d’une gauche mortifère, et d’un successeur fonctionnel du père Camilo Torres et autres théologiens de “la libération”.

Alors une première conclusion de Paul Voltor s’impose : “C’est justement parce que je crois que la France n’est pas une patrie comme les autres, qu’il y a une nécessité de la supprimer. Ce sacrifice est rendu nécessaire comme toute action, toute parole, tout simplement pour la gloire de Dieu et le salut du monde, et surtout pour le second point, il faut bien l’avouer.”

Il la prolonge cependant par une question en forme d’issue de secours : “Quoi faire en attendant ? Il y a la femme et les gosses à nourrir quand même…” Pour lui, deux attitudes :

– la dissidence qui consiste à opérer une “disjonction entre la morale et la loi”. L’objection de conscience en est la première étape.

– Le recours à la marge : préférer le hors-système en tout. L’école libre (s’il en reste la possibilité, par exemple).

Au fait, d’où vient ce nom, Voltor ? Je ne pense pas que cela soit de Voltaire (ah ! Le hideux sourire !) mais plutôt du vultur latin, que l’on traduira au choix par vautour ou par le mont Vulture en Italie. Dans les deux cas, on prend de la hauteur. Et cette hauteur nous permettrait de retrouver un peu d’espoir. Peut-être n’est-il pas nécessaire de supprimer toute la France ? Seulement quelques parties gangrénées… Et ce texte a été écrit en 2016…

Antoine Solmer

Référence de l’article examiné : https://www.mauvaisenouvelle.fr/?article=france-de-la-necessite-dachever-la-france–790

 

 

 

 

Abonnez-vous à notre lettre d'information et rejoignez les 14 autres abonné·es.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *