Je pensais qu’on avait touché le fond avec l’étude sur le racisme généré par la peinture blanche, mais les wokistes arrivent toujours à me surprendre, il faut leur concéder ce mérite. «Le genre et la sexualité structurent la question climatique» : après l’écofémminisme, l’écofascisme et l’androcène, voici la «pétromasculinité»! Tout un programme.

«L’attachement aux vertus d’un mode de vie basé sur les combustibles fossiles, et à toutes les hiérarchies sociales, raciales, sexistes qui en dépendent, peut produire un désir non seulement de nier, mais de refuser la réalité du changement climatique.»

Médiapart annonce directement la couleur : le patriarcat blanc est encore une fois coupable, normal, étant à la base de tous les maux de la société. Une théorie désormais bien rodée. Mais là, c’est la planète Terre dans son ensemble qui est directement menacée. Et comme si cela ne suffisait pas, «l’extrême droite gagne du terrain». C’est à en frémir.

Encore une fois, avec de jolis mots, de préférence empruntés au lexique de sociologie, on peut faire passer pour intelligent n’importe quel concept complètement débile. Mais attention, la thèse — d’une universitaire américaine, Cara Daggett — est étayée et il y a parfois des passages justes. Sa prémisse, comme quoi «les énergies fossiles constituent un élément central de l’identité masculine dominante», l’est. Enfin… elle l’est tout comme la philosophie, les découvertes technologiques, les avancées médicales, etc.! Les grands esprits qui se sont levés contre la destruction de l’environnement et l’exploitation des êtres humains? Encore des hommes! L’abolition de l’esclavage? Encore un coup des mâles blancs cisgenres! Décidément, ceux-là, rien ne les arrête, on les retrouve vraiment partout. Pour le meilleur et pour le pire. Or, seul le pire est retenu, ce qui est, il faut bien le dire, le signe du temps.

On ne saurait que conseiller à Mme Daggett de bien vouloir sortir un instant de sa salle de cours pour se rendre dans celle d’anthropologie, où elle apprendra que ce sont les hommes, dans leur écrasante majorité qui pensent la société, l’organisent, inventent et créent. Oui,  le monde doit aux hommes l’essentiel des grandes découvertes et les grandes inventions. 

Que certains pèsent plus que d’autres sur la société, que certains d’entre eux soient parvenus à y imposer leur idéologie néfaste, ne suffit pas à faire d’une catégorie de genre un mal en soi. Ces derniers ont seulement gagné sur les tenants (mâles) d’autres systèmes de valeurs.

J’aurais aimé pouvoir dire qu’il faudrait simplement, pour lui donner un sens, relire l’œuvre en remplaçant le mot patriarcat par capitalisme mais après avoir lu quelques interviews, je dois bien admettre que cela ne suffirait pas : c’est un ramassis de conneries, où les mots — Black Lives Matters, fascisme, écoféminisme, environnement — copulent joyeusement sans que cela n’ait de sens. Mais c’est la logique de la convergence des luttes, suis-je bête. Donc, oui «la généalogie des énergies fossiles est étroitement liée à la domination capitaliste occidentale», oui les capitalistes au pouvoir sont des hommes, mais encore une fois parce que ce sont eux qui ordonnent les ensembles humains. Les philosophes subversifs, les acteurs des révolutions, les penseurs à contre-courant sont aussi principalement des hommes. La Décroissance? Encore des hommes. Et quand des femmes se hissent au rang du pouvoir, elles ne valent pas bien mieux que les mâles de ces mêmes rangs. Margaret Thatcher, qui a tant fait pour le dérèglementation de l’économie mondiale, et les autres Merkel, Meloni, et Van der Leyen, semblent tout aussi malfaisantes que leurs confrères. Le genre peut donc difficilement être pointé du doigt.

Cara Daggett «effectue ses recherches sur l’écologie politique féministe.» Mais du coup, je me demande : quelles sont ces avancées majeures en matière d’écologie accouchées par quelque féministe que ce soit? Que proposent-elles? J’ai beau chercher et rechercher, je ne trouve aucune trace, pas la moindre petite idée valable pondue par une chercheuse féministe (à part celle de fermer son robinet lorsqu’on se lave les dents, et celle de priver messieurs de barbecue le dimanche).

Peut-être parce qu’un tel enjeu, celui de l’environnement, est difficilement soumis au sexe? L’universitaire n’est pas d’accord, pour elle : «Être contre l’écomodernisme ne signifie pas être contre la technologie, mais cela implique de repenser à qui profite la technologie. Au cours des dernières centaines d’années au moins, ce sont les hommes blancs au sommet des intérêts des entreprises et des États qui en ont retiré les bénéfices — et qui continuent encore aujourd’hui.» Marxisme de bas étage et ressentiment nietzschéen sont clairement le moteur de telles réflexions.

Et puis, c’est à n’y rien comprendre. On nous les casse tous les jours pour nous faire accepter la fabuleuse idée que le sexe biologique n’existe pas… puis les mêmes nous pondent des théories selon lesquelles les femmes seraient par nature respectueuses de l’environnement pendant que ces messieurs  n’en seraient que des facteurs de destructions. Qu’on se mette d’accord! Juste par souci de cohérence, sinon on va vraiment finir par penser qu’elles disent n’importe quoi!

Enfin, une question demeure : quels sont les aboutissements de telles recherches? Sur le plan écologique, cette réflexion débouchera-t-elle sur quelque amélioration?

Avec de telles balivernes, pas sûr.

Audrey D’Aguanno

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