LA MAISON DE CAMPAGNE

OTAN EN APPORTE LE VENT
OTAN EN APPORTE LE VENT

Un de mes amis a une maison de campagne dans un joli petit coin de Normandie. C’est un bâtiment typique, des murs à colombages, du bon chêne teint en brun, formant un dessin à l’ancienne sur les murs en torchis bien chaulé. Un vaste toit de chaume. Voilà qui fleure bon la vieille terre et ses générations de paysans solides, de bâtisseurs qui avaient le sens du beau sans s’en vanter. Dans le jardin, quelques pommiers attendent de donner le meilleur cidre du coin, et pour clôturer ce vieux domaine, des murets à l’ancienne, sur base de silex, élévation de torchis sous chaume, comme pour répondre à la gentille demeure et protéger le jardin.

Ah ! Ce jardin, comme il en est fier, mon ami et comme il voudrait le conserver ainsi pour ses successeurs. Mais il y a un problème. Son terrain provient d’un héritage, plus exactement de la division d’un héritage. Jusqu’à ces dernières années, tout allait bien entre voisins qui avaient pris leur parti de cet état et voulaient en jouir en paix.

Mais depuis quelques temps, des visiteurs bizarres se pressent aux portes. Mon ami les a accueillis tranquillement, leur a offert de revenir goûter de son cidre, plusieurs fois, sans résultat, malgré de belles promesses. Par contre, du côté du voisin, il semble que les choses aient pris mauvaise tournure. Les premiers héritiers ont loué leur bien, sous forte pression, semble-t-il, et les locataires ont fait venir quelques-une de leurs relations. Des gens bizarres, qui furètent dans tous les coins, prennent des mines avantageuses, jouent aux fiers-à-bras. On en voit chaque jour davantage. Ils parlent fort, posent des grillages, des guérites, et hurlent qu’ils sont attaqués. C’est ridicule.

Maintenant, chaque jour qui passe voit de nouveaux arrivants. Ils crient, hurlent des insultes, jettent des pierres. Mon ami se sent menacé. Ils commencent à démolir son vieux muret, celui que son grand-père avait édifié, pour ses enfants, et les enfants de leurs enfants. Il a essayé de leur parler, de les convaincre. Rien n’y fait. Alors, il a sorti son fusil et les a poursuivis.

Et maintenant, c’est lui qu’on traite d’agresseur. Il en vient de partout.  Ils sont devenus fous. Il faut aider mon ami. Chacun chez soi. C’est ce qu’on m’avait toujours appris.

Je suis tellement troublé. Je me suis trompé. J’ai écrit Normandie. C’est Normandie-Niemen que je pensais. Une époque où l’on ne se trompait pas d’ennemi.

Antoine Solmer

Le document d’illustration est extrait de :

Vladimir Poutine a lancé une opération militaire dans le Donbass pour défendre les républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk dont il a reconnu l’indépendance le 21 février