TRADITIONIS CUSTODES OU L’ARROSEUR ARROSÉ

Vacances n°4 – “Traditionis custodes” ou l’arroseur arrosé :

 C’est Macron, qui va être content, voilà son “quel qu’en soit le prix” oint, re-oint, et même oin-oin par l‘imprimatur pontifical ! Un spectateur non informé des zizanies entre vaccino-intrépides et vaccino-prudents pourrait voir là un besoin inquiétant de sacrifier l’essentiel au profit d’une idéologie non définie dans ses aboutissements. Pour ceux qui trouvent sécurisant de ne pas gratter trop profond, c’est rassurant : on reste dans les limites du “penser de traviole” qui a pris le monde en otage… L’immense “n’importe quoi” annoncé continue ses ravages, pour le plus grand malheur de l’Humanité, décidément en berne : “Motu proprio”… et bouche cousue !

Le pape François a donc décidé, tout seul dans son coin, d’abroger le motu proprio Summorum Pontificum Cura de Benoît XVI qui, pour réconcilier le monde qui se croit “obligé au progrès” avec ce qui a fait la force de l’Eglise et forgé une magnifique civilisation depuis 1563, avait ré-autorisé la messe dite “tridentine” (= “de la ville de Trente”, en Italie), qui était la seule célébrée jusqu’à la réforme liturgique improvisée en 1969. On peut dire qu’il ré-autorisait ce qui n’aurait jamais dû être interdit, et ne l’avait d’ailleurs pas été formellement (un peu comme notre obligation vaccinale qui n’en est pas une, quoi que…). Mais dans notre monde de dingues, il faut et il suffit qu’un truc marche pas mal pour qu’on le casse… et le pape François a donc décidé, suprême insulte pour son prédécesseur (il y a des choses qui ne se font pas, dans un monde civilisé !) de ne pas laisser pierre sur pierre de la réforme-phare de Benoît XVI : le retour à la paix entre catholiques.

Cette décision résonne comme un tremblement de terre, bien au-delà des fidèles habitués à cette messe. Partout dominent l’incompréhension et la stupéfaction. Car les termes employés par le pape, qui manquent singulièrement de charité, sont sans un seul mot de compassion “paternelle” pour ceux qui encaissent un tel coup (Tout ce qui est “paternel” est mal vu, ce temps-ci !). Mais le couperet est tombé : le “projet de société” qui se devine consiste clairement à attendre que les derniers survivants attachés à cette forme du rite disparaissent, et à faire ce qu’il faut pour qu’ils ne se reproduisent pas. C’est un peu comme les non-vaccinées, au fait !

Ce lent et sournois génocide liturgique repose en fait sur un malentendu historique : le pape n’a manifestement pas la moindre compréhension de ce qui se passe sur le terrain où, contrairement à ce qu’on pourrait penser, les églises “tradi” sont remplies de jeunes (jeunes gens et jeunes ménages ayant plein d’enfants) qui n’ont pourtant pas connu les anciennes messes ! Ils y ont assisté par hasard, ont été surpris par la beauté intrinsèque de cette liturgie, trop heureux de retrouver autre chose que les musiquettes trop faciles post-Vatican II. Mais les chiffres sont cruels : la moyenne d’âge des prêtres de la Fraternité Saint-Pierre, de l’Institut du Christ-Roi ou de la fraternité Saint Pie X est inférieure à 35 ans, ils ont un niveau religieux et culturel très riche et, bien qu’extrêmement minoritaires, ils comptent pour plus du tiers des ordinations. À l’inverse, la moyenne d’âge des prêtres du clergé officiel français est supérieure à 75 ans (âge de leur retraite), et les Séminaires “main stream” ferment l’un après l’autre. Notre pape n’a pas choisi de miser sur l’avenir !

Les médias dominants ont chanté en SS François le pape du progrès, du dialogue, de la diversité. Une fois de plus, c’est à l’opposé des racontars de la Presse main stream qu’il faut aller chercher la vérité : ce texte nous offre sans le dire une invitation à un retour 10 ans en arrière, un blocage, l’uniformité, le nivellement par le bas, avec un petit côté “faux-jeton’’ (si j’ose), en se déchargeant sur l’épiscopat… quand on sait que la plupart des évêques sont favorables à cette déconstruction programmée du “aeterni testamenti’’. Et pourtant, ô surprise, la Conférence des évêques de France a réagi au motu proprio “Traditionis Custodes” du pape François de manière inattendue : après avoir, bien obligés, dit qu’ils ne voyaient dans ce texte qu’“un appel exigeant pour toute l’Église à un authentique renouveau eucharistique” (et bla, et bla, et bla…), ils ont paru moins intransigeants, en paroles : eux qui ont, depuis 1965, considéré toute mouvance “Tradi” comme leur ennemi, se révèlent, devant les résultats catastrophiques de cette politique contre nature, prêts “à exprimer leur estime” (sic !) pour les fidèles au missel de Saint Pie V, et à l’autoriser largement : “les voies du Seigneur sont impénétrables !”.

J’espère qu’on pardonnera à un vieux singe tant de fois échaudé d’attendre des preuves concrètes avant de les remercier ! (Toute dérive “à gauche”, et même l’islam et le communisme, sont réputés “acceptables” par nos Monsignori. Mais la Tradition, à aucun prix…). Il est d’ailleurs significatif que seule une toute petite poignée d’évêques français ait manifesté son intention de conserver des liens avec le monde traditionaliste. Le record de “vengeance mangée froide” a été atteint il y a peu à Dijon, où l’évêque local a semblé vouloir se déchaîner contre la fraternité Saint-Pierre. (2 rappels bibliques :“Tout ce que vous faites au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous le faites (Mat  25-40). Et “Eli, Eli, lama sabachthani’’ !)

Le coup d’arrêt qu’impose le texte pontifical à la sensibilité traditionnelle ne lésine pas sur les moyens : il ne doit plus y avoir de nouveau groupe constitué, pas de nouvelles églises attribuées, pas d’églises paroissiales. À une communauté en plein développement, on intime : “arrête ta croissance !”, ce qui signifie, pour des foules énormes de fidèles, le retour à des chapelles trop exiguës et à des hangars ou des salles inadaptées, au moment précis où, partout en Occident se pose la question douloureuse de la multiplication des églises vides, promises à un avenir de disco-bar, de mosquée ou de gravats après destruction. J’ai honte pour eux, vraiment !

Pendant ce temps, l’Église d’Allemagne, pour ne citer qu’elle, “donne’’ parfois dans l’hérésie, piétine les dogmes, mais ne reçoit aucune admonestation pour rentrer dans le droit chemin, quand elle ne reçoit pas, en sous-main, des encouragements à continuer sa descente ininterrompue. De même, imams et islamologues ont plus de facilité à dialoguer avec le souverain pontife que les Fraternités et les Instituts “tradis” pour entrer en relation avec l’évêque du lieu. La diversité dont le pape François s’est fait le chantre n’est qu’une caricature grimaçante. Au Vatican, le multiculturalisme est une chance pour le monde, sauf s’il se donne pour objectif de réconcilier les traditionalistes et les progressistes au sein de l’église catholique…

J’ai peur (c’est une anti-phrase, évidemment !) que le pape François ne fasse une énorme erreur et n’en soit “pour nos frais”… En dépit de la guerre que la bien-pensance vaticane lui a déclarée (ou grâce à elle !), ce qu’il désigne – de manière ignominieuse à ses yeux – par “le monde de la tradition” a un bel avenir devant lui, alors que l’avenir du “monde du progrès” semble nettement moins radieux, puisque tout progressisme renferme déjà en lui tous les éléments de sa propre fin…

H-Cl.

PS – Pris de remords à la relecture, j’ai soudain réalisé que les lecteurs peu familiers avec la langue latine auront des difficultés à comprendre ce billet. Qu’ils trouvent ici, avec mes excuses, la traduction de phrases sorties des anciennes “pages roses” de leur “petit Larousse” si négligé, depuis internet. Un Motu proprio” est un décret pris par le pape de sa propre initiative. (NB on peut se demander si c’est par anti- phrase ou par intention humoristique que celui dont nous déplorons la publication se nomme Traditionis Custodes, les gardiens de la tradition”, alors que le nom de celui qui a été abrogé Summorum Pontificum Cura la sollicitude des Souverains Pontifes”, était tellement plus approprié…).