UNE RÉPONSE À L’APPEL DE MILLE MILITAIRES

REPONSE À MILLE MILITAIRES
REPONSE À MILLE MILITAIRES

LE SITE DE VALÉRIE BUGAULT

J’ai découvert le site de Valérie Bugault en même temps que s’y trouvait une Réponse à l’appel de mille militaires, manifestement pilotée par le contre-amiral Claude Gaucherand (2S) et signée par treize autres officiers. Pour mémoire, le grade de contre-amiral équivaut à général de brigade (deux étoiles).

Cette dame, Valérie Bugault se présente comme chercheuse indépendante, et analyste de géopolitique juridique. Son site est « un appel à se réapproprier la chose publique, à réformer le droit, à repenser la politique. »[1]

Excellente entrée en matière que je tenterai de suivre, en ajoutant quelques minutes aux 1440 qui forment notre journée. Cela doit être possible, la compression du temps étant passée depuis belle lurette de la fiction à la réalité, au moins en ce qui me concerne.

LA RÉPONSE CONCORDANTE DU CONTRE-AMIRAL GAUCHERAND

Mais revenons à notre contre-amiral. Sa réponse à l’appel des mille [2] reprend « sans esprit de polémique l’opinion émise à titre personnel par un groupe de citoyens qui ont en commun d’avoir servi à une période active de leur vie comme officiers dans l’une des trois Armées. C’est à ce titre qu’ils partagent une inquiétude concernant le présent et l’avenir de la France qu’à terme plus ou moins rapproché ils lègueront à leur descendance. »

Le contre-amiral constate aussi que :

« Ce faisant aucun ne revendique pour autant la représentation de l’opinion des militaires d’active ni ne suggère un quelconque engagement de la part de ces derniers, eux qui sont dédiés à servir activement et souvent au péril de leur vie leur nation considérée comme un tout. »

Autrement dit, tout va bien dans le monde des officiers généraux.

UN POINT DE DISCORDE

Cependant, précise-t-il :

« Ces militaires font un constat que l’on ne peut que partager dans sa généralité mais apparait plus discutable quand on en vient au choix plus précis des dits dangers. Quant à la solution pour éradiquer le grand péril, il apparait n’être qu’un vœu pieux. »

Il explique donc (en résumé) qu’il vaut mieux s’attaquer à la racine du mal qu’à ses symptômes, que :

« Ce qui met mortellement en péril la France, c’est tout simplement le libéralisme effréné qui est inscrit dans le marbre des traités dits européens se traduisant par la désindustrialisation du pays tout autant que par l’abaissement de notre langue, l’emploi du globish par les médias, la publicité envahissante et …le chef de l’Etat lui-même, c’est aussi la destruction de l’outil de l’énergie nucléaire et la politique d’auto-flagellation au plus haut niveau et en toute occasion, c’est encore le délitement de l’éducation nationale et de la politique de santé publique, c’est enfin la mise en résidence surveillée de 66 millions de Français avec port obligatoire de la muselière. »

Comment ne pas être d’accord avec le contre-amiral sur ce tableau plus que réel ? Avec les exemples qu’il donne, avec la volée de ses Otobrededa 76[3] contre « notre servile alignement sur la doctrine politique et militaire anglo-saxonne que concrétisent notre appartenance à l’OTAN et notre souveraineté perdue. »

POUR RÉCONCILIER NOS OFFICIERS GÉNÉRAUX

La logique du contre-amiral ne souffre aucune contradiction par elle-même. Par contre elle souffre d’une inadéquation plus que fréquente aux situations réelles, car la relation d’équivalence logique « traiter la cause, c’est guérir le mal » n’est jamais seule dans ce qu’il est convenu d’appeler « l’arbre des causes ».

La recherche de la cause unique, directement accessible et directement curable en instantané, existe, mais reste bien moins fréquente qu’on ne le croit. Elle est plutôt du domaine mécanique que de celui de l’humain. Or, ici, c’est bien d’humain qu’il s’agit.

Revenons, en très raccourci, à la question de la cause unique. Je reste à ce propos le fidèle disciple d’Aristote : il faut savoir s’arrêter dans cette recherche (ananke stenaï) ! Évidemment, un théologien me rejettera hors du champ de bataille sémantique, en m’assénant l’origine divine. Mais, ce faisant, outre l’inaccessibilité de ce moteur immobile universel, nous nous heurterons à ceux qui partagent ce chemin… en le faisant remonter à un autre modèle, contradictoire, pour ne pas dire ennemi irréconciliable. Balayé l’argument de remonter à la cause, et de ce fait, à deux causes aussi peu accessibles que compréhensibles.

Il faut dire, qu’en France, le cartésianisme mal compris a fait des ravages.

D’ailleurs, puisque le contre-amiral nous ramène à la médecine, je dois lui faire un aveu : je préfèrerais qu’en cas de blessure artérielle, un sauveteur m’applique d’urgence un tamponnement efficace, plutôt que de tenter d’atteindre la conscience morale de mon agresseur (si c’est le cas) ou de revenir sur la cause de ma maladresse, ou d’autres circonstances. Ensuite, s’il y a une suite – soyons optimistes – le chirurgien fera de la couture, sans s’occuper du reste. Et la cause… il s’en moque.

J’ajoute, que, dans l’immense majorité des causes humaines, les comportements troubles et troublants sont pluri-dépendants.

Pourquoi, pour quoi et dans quelles circonstances apparaissent des conflits… les théories s’entrecroisent ? Autant tirer toutes les ficelles accessibles et tâcher de gagner le gros lot, celui de la victoire, que, soyons-en surs, cherchent tous les signataires des deux lettres, sans compter bien d’autres. Vous devinez sans peine quel est mon camp.

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[1] https://valeriebugault.fr/

[2] https://valeriebugault.fr/reponse-a-lappel-de-mille-militaires

[3] Un des canons d’artillerie navale les plus utilisés au monde, compact, multi-fonctions, à tir rapide.