RIXES, BAGARRE ET TUERIES EN TOUS GENRES

PRISON
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Rixes, bagarres et tueries en tous genres…

  Suite à la demande de plusieurs lecteurs, voici un “billet” (NDLR : sans doute pas le dernier !) sur ce sujet qui fait si mal : la décadence dans laquelle nous laissons s’enfoncer notre civilisation –qui fut si belle et qui a tant donné à l’Homme– a, entre autres dégâts irrémédiables, “tué l’enfance” . Oh ! Je sais ! “Pas d’amalgame, tous les enfants ne sont pas etc…’‘ : on nous rabâche ça, à propos des musulmans. Il n’empêche : quand le ver est dans le fruit, rares sont les cas où une grande partie du panier n’est pas contaminée… Nous ne sommes pas au bout de nos peines !

  Partout, violences et batailles rangées entre bandes ennemies, harcèlement poussant au suicide, insultes et rixes entre adolescents de plus en plus jeunes sont au cœur de l’actualité, ces dernières semaines. Certains intellos, brouillés avec le réel, nient ce qui crève les yeux, et les grands esprits qui dirigent si mal le pays et l’opinion publique, politicards sans ’’vista” et journaleux sans âme, n’ont pas la plus petite idée sur l’ampleur et sur les racines de cette explosion multiforme qui frappe nos “ados” ici, là, partout, de plus en plus. On dirait que toute la “bobo-sphère” tremble de terreur à l’idée de regarder en face ce phénomène décadent et de se demander pourquoi, comment, jusqu’où et jusqu’à quand… L’aveuglement et le déni poussés à l’inacceptable sont assimilables à des crimes contre la pensée…

  Sous le flou dans lequel médias et politiciens espèrent nous endormir, il faut distinguer deux choses, dont la concomitance fait croire qu’elles ne sont qu’une :  d’une part, les affrontement ‘’rituels’’ entre bandes de plus en plus jeunes qui n’hésitent plus à s’entre-tuer, et d’autre part une violence latente, tous azimuts, en bandes ou pas, qui est aussi le fait d’ados et de pré-ados de 12 ans qui plongent dans une délinquance sans limites :  ces “quasi-enfants” n’ont peur de rien –et certainement pas de la mort, ni la leur ni celle des autres. Un mot d’explication, nécessaire à ce stade : en tuant stupidement le sacré, nous avons désacralisé la vie elle-même. Et il est des fautes qu’il n’est pas possible de rattraper…

  A notre habitude, définissons ce dont nous parlons. La Direction centrale de la sécurité publique définit (dans cet entendement) une bande  comme un “noyau stable de membres qui se regroupent pour des raisons sociales, culturelles ou autres, et qui commettent des actes antisociaux, délictueux ou criminels”. Ce phénomène est chiffrable et il est en hausse : la direction générale de la police nationale a compté 357 affrontements entre groupes en 2020, soit une hausse de près de 25% en un an, et 80% de ces faits concernent Paris et l’Ile-de-France.

  L’autre sujet, la “délinquance des mineurs” est également en hausse forte : 234 000 mineurs mis en cause en 2017 (derniers chiffres sûrs), contre “seulement” 132 000 en l’an 2000. Ces mineurs délinquants sont également plus jeunes, et sont le fait d’enfants de 13 ou 14 ans, voire moins. Dernier point : cette délinquance est plus violente, puisque on note, depuis 1996, un accroissement du nombre  de mineurs poursuivis pour tentative d’homicide (+144%), pour coups et blessures volontaires (+124%), et pour agressions sexuelles entre mineurs (+315%)…

  Cette explosion de violence juvénile appelle plusieurs commentaires. Tout d’abord, les prétextes invoqués sont en complet décalage avec l’intensité de la violence. A priori, les questions de trafics de drogue sont rarement en jeu, mais ce sont plutôt des querelles de fierté, de cœur et de territoire : le “contrôle” d’un arrêt de bus ou d’une sortie de métro sont autant de motifs futiles qui semblent valables pour déclencher des actions violentes. Ensuite, les “vecteurs’’ : le rôle des réseaux sociaux est fondamental : leur instantanéité fait d’eux des amplificateurs efficaces, en un clin d’œil. Tik Tok, Instagram et surtout Snapchat sous-tendent toutes les batailles entre bandes. Mais le mimétisme semble jouer aussi un rôle extrêmement important : les agressions sont filmées, et retransmises comme des faits d’armes –qui seraient honteux partout ailleurs– ce qui entraîne une surenchère permanente car il faut montrer qu’on frappe plus fort et plus dur que toutes les autres bandes.

  Enfin, deux causes plus profondes ne peuvent être passées sous silence (alors qu’elles le sont généralement, puisque non-conformes à la ’’doxa” responsable de la plupart de nos maux). Tout d’abord, les jeunes mis en cause proviennent le plus souvent de familles dysfonctionnelles où le père est absent, et ensuite une partie non-négligeable de ce qu’on désigne abusivement comme “la jeunesse française” est imbibée de cultures extra-européennes, la plupart du temps incompatibles avec toute culture occidentale, ce que confirme l’excellent “Sur la violence gratuite en France”, du Dr. Maurice Berger : dans bon nombre de  ces cultures exogènes, l’autorité du père est sacrée. Quand elle est absente, c’est un vide abyssal qui se créé, surtout chez les jeunes garçons. ‘’Dans les cultures dites à fonctionnement clanique, il y a plus de risques de comportements violents de la part des membres’’.

  La réponse de l’Etat devrait s’inscrire, idéalement,  dans un changement radical de mentalité : depuis 40 ans, prévention et réinsertion sont les seules réponses que connaissent les juges, comme si la sanction pouvait ne pas être indispensable ! Il faut  la “réinventer” et la réhabiliter  de toute urgence : la fermeté pénale, même si elle n’est sans doute pas suffisante, est incontournable et constituerait un immense pas en avant. Nous en sommes loin, alors qu’il s’agirait là d’un progrès gigantesque, ne serait-ce ce que du point de vue de la Justice, mais la vraie, dans le sens le plus noble, le plus conceptuel de ce mot tellement dévoyé : “celui qui commet un crime ou un délit a une dette à l’égard de sa victime et à l’égard de sa société”. (NDLR : la peine de prison, tellement  décriée depuis des décennies, répondait à ce double rôle : rembourser sa dette, mais aussi avoir l’occasion de se retrouver seul face à soi-même pour, qui sait, méditer ses actes).

  A l’opposé de toutes les âneries qui sont aujourd’hui les seules “références” acceptées, la  prison a un rôle bien spécifique, puisque tout le monde (sauf les magistrats de gauche, apparemment, mais il y en a beaucoup !) sait que lorsqu’un coupable est condamné à des peines symboliques (rappel à la loi, jardinage, balayage…), le délinquant ne retient inconsciemment qu’une seule chose : transgresser la Loi n’entraîne aucune conséquence. Libérer des coupables sans leur faire vivre une expérience un peu désagréable comme celle de la prison est donc injuste, pour la société, pour la ou les victime(s) – et aussi pour des futures victimes potentielles – mais également pour le délinquant lui-même qui perd ainsi une occasion unique de se remettre en question, et de s’amender, peut-être. 

  Le laxisme pousse ceux qui en profitent – et qui ne voient là qu’une impunité systémique – non pas sur la voie de la rédemption, mais sur la voie de la spirale criminelle et de la délinquance. (NB : un lieu commun circule parmi les adolescents en situation de criminalisation, reposant sur une lecture erronée de la pratique judiciaire, “En France, les moins de 18 ans ne peuvent pas être condamnés (sic !)”, ce dont le Garde des Sceaux lui-même s’est rendu compte récemment : se rendant dans une prison  pour faire la promotion d’un programme de réinsertion, il s’est vu répondre par un prisonnier : “Je connais ! C’est la sixième fois que je viens’’…).

  Pierre-Marie Sève, Délégué général de l’Institut pour la Justice, écrivait récemment : ’’Quand on voit le CV de l’homme qui a sauvagement agressé un journaliste à Reims, on se demande ce que son inconscient a pu enregistrer de ses échanges avec la Justice. Il a été condamné 8 fois en un an, et aucun des 8 juges n’a daigné le placer en prison pour une durée raisonnable. Comment est-ce possible ? Comment ne pas voir là une énième confirmation que notre justice marche sur la tête ?’’ Tout est dit et le seul chemin pour sortir de ce gouffre sans fond est tout tracé… Sinon, il sera trop tard pour nous désoler et larmoyer en invoquant tout et n’importe quoi… sauf les deux seules choses qui entraînent tout le reste : notre refus de voir les choses comme elles sont et notre addiction pour de vieilles notions abstraites qui ne sont que mortifères et qui fascinent politiciens et médias contre toute évidence et toute sagesse.

H-Cl.