VŒUX ET CONTRE- VŒUX

RÉPONSE DES COSAQUES ZAPOROGUES

 

Les années précédentes, il était d’usage de souhaiter de bons vœux, simples, clairs, et finalement assez répétitifs : santé, joie, bonheur, succès, etc. Rien que de bonnes choses, au moins dans l’intention, assez semblables à ces cartes postales de vacances où l’on déplore de devoir revenir au turbin dans une semaine, où l’on désigne d’une croix la fenêtre de la gentille location d’où l’on aurait pu voir la mer, sans le bâtiment en construction.

Mais pour 2021, tout a changé, tout s’est élargi, enrichi, éclairé. Mais quel travail ! Allons-y !

Je vous souhaite de bons masques, inutiles, résistants, nécessaires, manquants, obligatoires, hélicoïdaux, chinois, sous-marins, à gaz, en PQ, contrôlés, flico-attractifs, parfumés, décorés, décrétés, muselants. Je vous souhaite d’en perdre votre sourire, de laisser votre dentier à la maison, d’éternuer sans en perdre une miette, de les recycler en mini-slips chirurgicaux, d’en faire collection, d’échanger votre porte-manteaux pour un de ces merveilleux porte-masques, de fréquenter les derniers catwalks chébrans (ne dites plus présentation de mode, c’est tellement ringard). De jeunes mannequins de tous sexes et genres, et non-genres, entremêlés ou pas, vous introduiront – si vous le souhaitez – dans l’univers du masque « presque-tout », en haut, en bas, au milieu, par devant, par derrière. Oh ! Le vilain mot ! Au choix, en Vénilia années 1950 (ne pas prendre le modèle adhésif, pour les poils, Ouille !), en fourrure synthétique véganisée, labelisée, le beau-isée, le neutre-isée, et autres variétés selon la demande. Mais si vous préférez le modèle zinc de bistro, parfumé à l’anis, ou l’inusable marque « Au morbaque délicieux », éclatez-vous, mais vite, il n’y en aura pas pour tout le monde. Le modèle sac-à-patates » fait un malheur, mais le style carotte pendante ne se porte presque plus. Il a été remplacé par la pile Wonder qui ne s’use que si l’on censure.

Je vous souhaite aussi de bonnes fréquentations, de bonnes lectures, de bonnes enquêtes, de bons reportages, de bonnes émissions télé, radio, de bons conseils, de bons bulletins de guerre, de merveilleux reportages, l’ensemble validé, ministrisé, présidentialisé, mainstreamisé, pas un poil qui dépasse, véranisé, salomonisé, buzinisé (soyons chics, tirons un peu sur l’ambulance), conseildelordredesmédecinsisé, delfraissysé, blanchierisé, sans oublier les autres mentors professionnels, … j’ai failli écrire menteurs… mais je n’ose pas…  si généreux, si humbles, si valeureux, si… au secours, à l’aide ! L’air me manque, à cette altitude d’honnêteté, c’est normal, manque d’oxygène.

Je vous souhaite aussi de bannir de votre vocabulaire les mots interdits. Déchloroquinez-vous, dépérronnisez-vous, déraoultisez-vous, désazithromycinez-vous, dézinguez-vous ! Peut-être pas quand même, je raye ce dernier conseil. Craignez les torsades de pointe, pires que celles du carambavirus. Jetez vos derniers billets de 100 euros dans les paniers gracieusement mis à votre disposition par le gouvernement, ils sont contagieux. Faites un acte citoyen. S’il ne vous reste que des dix euros, même consigne. Faut c’qui faut, en même temps, quoi qu’il en coûte, allons z’enfants… la République vous en essorera gras.

Je vous souhaite aussi de vieillir, de surmonter la deuxième vague, la troisième, la quatrième, la quarante-cinquième, etc. jusqu’à grimper dans le grabat du dernier voyage, dans la pièce du fond, au mouroir normalisé, sans votre famille pour vous casser les pieds, sans un sourire qui pourrait vous faire regretter quelque chose de cette chienne de vie que des irresponsables jouissent de vous pourrir, l’œil luisant, les mains poisseuses, le compte chèque débordant.

Et puis zut, je vous souhaite de cambronniser les « savants » à la graisse d’oie, les escrocs de passage, les pervers élus ou non élus de la grande copinerie coquinante.

Je vous souhaite de ranger au placard les mensonges officiels, les peurs inutiles et dangereuses, l’infantilisation, les menaces, les flics transformés en percepteurs, les percepteurs en voleurs de grands chemins et les juges qui les accompagnent. Je vous souhaite d’oser vivre, de tenir, de penser astucieusement, audacieusement, de le dire, de l’écrire, de le gueuler s’il le faut. Je vous souhaite de rire aux fariboles de ces faces de carême. Je vous souhaite de comprendre ce que valent les accusations de complotisme, et d’y répondre sous le patronage d’Apollinaire et des cosaques Zaporogues s’adressant au sultan de Constantinople et aux vrais comploteurs : que ce ne sont que pets foireux nés de leurs coliques.

Alors je vous souhaite d’accomplir le seul geste barrière qui compte, celui des urnes : tout sauf Macron et les Macronoïdes !