DES ATTENTATS JOUÉS ET DÉJOUÉS

LAURENT NUNEZ BON JOUEUR, BON DÉJOUEUR
LAURENT NUNEZ BON JOUEUR, BON DÉJOUEUR

M. Laurent Nuñez nous informe que deux attentats terroristes islamistes ont été déjoués en 2020, et 33 depuis 2017. L’article de BFM TV précise que « le coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme n’a toutefois donné aucune indication sur la nature de ces deux projets d’attentats déjoués. » C’est plus ou moins vrai, car il spécifie que le « terrorisme islamiste sunnite » est « une menace prioritaire », « endogène » et « de plus en plus difficile à détecter ». On veut bien le croire, surtout lorsqu’il évoque un « point commun » entre les trois derniers attentats attribués à cette mouvance (contre les anciens locaux de Charlie Hebdo, contre Samuel Paty et dans une basilique de Nice): « le blasphème, la volonté de venger le prophète ».

Il aura eu l’élégance de ne pas évoquer les sempiternels « déséquilibrés », mais pour faire bonne mesure, il a ajouté dans le lot 5 attentats déjoués de l’ultra droite depuis 2017, et « 150 à 200 » dégradations (pylônes incendiés, etc.) pouvant être attribués à l’ultra gauche.

Nous sommes soulagés : il n’est pas allé jusqu’à imaginer un « ultra islam », mais a trouvé de bonnes raisons (blasphème, venger le Prophète).

Je pense, j’écris et continue à penser que les actes moralement dégradants envers les personnages sacrés d’une communauté, sont stupides, contre-productifs et dangereux, qu’ils viennent de Charlie Hebdo ou de quiconque. Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt, même si le gros doigt de M. Nuñez s’interpose entre les deux objets précités. Il existe en France un péril islamiste (appréciation vue du côté non islamique) ou, pour d’autres, une montée en puissance de la religion islamique (vue inverse).

La question fondamentale, est : « qui représente les forces de Vie ? Plus nos gouvernements se réfugieront dans les prosternations ridicules et lâches, plus les forces de vie pencheront du côté islamique, Nuñez ou pas. J’ai l’habitude de laisser la morale s’appliquer dans certains domaines, qui, quoi qu’en pensent les ravis de la crèche, ne recouvrent pas l’ensemble des champs de la Vie. La période que nous avons la chance intellectuelle de vivre (en même temps que la catastrophe de son déplorable spectacle décadent) nous en fournit chaque jour sa moisson d’exemples. Je parle bien de chance intellectuelle, mais l’expression est bannie par la « Déséducation nationale ». Donc, cette chance risque bien d’être réservée à une minorité, non ou peu agissante, en tout cas soumise à des pressions insurmontables, et bientôt écrasée… sauf si…

Ce qui me ramène à ces attentats. Contre quoi ou contre qui étaient-ils prévus ? (Si tant est qu’il faille croire M. Nuñez, car ce ne serait pas la première fois qu’un gouvernant en chute libre en appelle à la pitié collective. Mais généralement, c’est plus proche d’une élection. Attendons !

Imaginons que M. Macron en ait été la cible. Cela aurait été moralement répréhensible, mais surtout complètement stupide. M. Macron n’est qu’une marionnette remplaçable. On ne peut évacuer d’un geste méprisant l’hypothèse que les personnages qui l’ont hissé sur le podium n’aient pas prévu de marionnette de rechange.

Quels que soient les fantasmes macroniens, le bonhomme n’a rien d’un Napoléon. À cette époque et contre un tel mastodonte de puissance, la « machine infernale » de la rue Saint-Nicaise se justifiait mieux, en ce 24 décembre 1800. Napoléon Bonaparte, alors premier consul, parti en fumée, les forces de Cadoudal aidées par la toujours active Grande-Bretagne, auraient bénéficié d’un certain appui et d’un désordre facilitant. Mais Macron ? Pffuit ! Attendons tranquillement les urnes, et foin du tonneau chargé de poudre.

Mais il est d’autres attentats contre des gouvernants, et ceux-là sont pires. En effet, si les règles non écrites de la diplomatie internationale prohibent l’assassinat du gouvernant contre lequel on est en guerre, les coups de Jarnac n’en sont pas moins d’usage. Mais alors, on monte des machines bien plus infernales qu’un simple tonneau de poudre, même actualisé en C4 ou autre TNT. Faut c’qui faut ! Ou plutôt, c’qui faut pas.

On préfère les coups de la morale à deux balles (image bien sûr) : on appuie sur la pédale de la démocratie, des droits de l’homme, du camp du bien, on tourne des super productions de couveuses pour bébés, on fabrique du monstre sur commande, on découvre des « charniers » alléchants, on laisse attaquer Pearl Harbour, ou le Lusitania, on est révulsé par les traitements immoraux infligés par les « méchants » qu’on recevait en grande tente peu de temps avant, on se découvre menacé par des armes de destruction massive, et quand tout cela ne suffit pas, on carnavalise à tout-va des révolutions multicolores. La palette est large. Évidemment, après il suffit de laisser le pays ciblé s’auto-détruire, et de lui proposer une aide généreuse et désintéressée. Le pire, n’est pas que « ça marche », mais que « ça marche à tous les coups ». Grâce à la bêtise constitutive de ce que les fins renards appellent « démocratie ». Par le peuple, pour le peuple, avec le peuple… qui n’a qu’à bien se tenir, sous risque de devenir l’affreux « populo » et pire encore, le « populisme ». Ah ! Mais !

Des attentats déjoués ? Pourquoi pas ? Joués ? Pourquoi pas ? Je me demande même si cet article n’est pas un jeu attentatoire à la pensée correcte.

En tout cas, M. Nuñez est sûr d’une assise confortée, et d’une augmentation de budget pour ses services. « Elle est pas belle la vie ? » Sauf pour M. Paty (avec ou sans empathie, comme plastronnait un personnage bien en cours du système Traoré), sauf pour quelques catholiques irresponsables, sauf pour… aux suivants… !